Victimes de l’infâmie, sécurité subjective

Photo de couverture
Yves Klein La Marseillaise 1960

Christophe Riedel

  Que pensez-vous du théâtre opérationnel de ce que les spécialistes appellent  » la sécurité subjective » ? Un déploiement de forces, un étalage de figurants militaires qui ne sert à rien (de leur propre aveu) sauf à « rassurer la population ».
Laquelle se fit exploser et mitrailler sauvagement, façon Pop corn, en sortant, en allant s’éclater le vendredi soir. Les terroristes ont casté les jeunes urbains de Paris Est, pas ceux de Paris-Ouest, allez savoir pourquoi…
Cela aurait pu être vous, ceci pouvait tomber sur moi, qui resta ce soir-là en terrasse rue de la Roquette (une innocente salade, une bombe aussi) pendant 45 mn, de 21h à 21h45. Pas bien loin, mais ce ne fus q-pas moi qui reçut.
« RIEN
de la mémorable crise
ou se fût
l’événement
accompli en vue de tout résultat nul
humain
N’AURA EU LIEU
une élévation ordinaire verse l’absence
QUE LE LIEU
inférieur clapotis quelconque comme pour disperser l’acte vide
abruptement qui sinon
par son mensonge
eût fondé
la perdition
dans ces parages
du vague
en quoi toute réalité se dissout »
Le réel est devenu ce vendredi 13 novembre un sale scénario pour James Bond du dimanche soir.
Sans super-héros
Juste des victimes
tombées par hasard
par centaines,
en mode rafale…
 Source photo: Article Télérama l-etat-d-urgence-mal-necessaire-ou-dangereuse-logique-guerriere,M274158.jpg
Si on est de l’Est parisien, qu’on a moins de cinquante ans en gros, on en connaît tous, des victimes, juste via un ou deux degrés de séparation. Des victimes qui « ont agonisé longtemps », des voisins de table au resto du Petit Cambodge, des spectacteurs du bloody concert californien au Bataclan, qui se sont longuement vidé de leur sang, nous a t’on rapporté.
Des victimes qui l’ont connu, la connaissent, ont plongé dedans, direct du clip de la vie d’urbain occidental pressé/stressé mais relativement peinards, juste en pleine crise économique permanentep.
relativement peinards, en tout cas par rapport à d’autres coulisses du réel des mondes et des indigences, ils ont été enduits dans l’horreur, sans espoir de retour.
Source : Tableau mémorial des victimes, FTV2
Celui qui parle ici n’était pas si loin ce soir-là, en terrasse rue de la Roquette, peu avant certauns des faits. il n’a rien risqué, mais cela l’a bien effleuré, l’idée de roulette russe pour citoyen cornichon anonyme, comme lui. Pas pour président exfiltré du stade du réel en catimini…
il sait que la vie est une roulette russe, mais la, les victimes ont vraiment dégusté en mode random.
Etat d’urgence, disent-ils. 20 ans de VigiPirateries, 15 ans d’ineptes contrôles de semelles, de chaussures et de ceintures ôtées aux portillons des aéroports depuis le 9/11 n’ont pas empêché les pires attentats à Paris de se produire, à quelques mois d’intervalle. ‘accord, certains durent être déjoués.
Ni tant d’autres dans le monde, comme le rappellent ceux qui estiment qu’il y a toujours deux poids, deux mesures dans le traitement ; celui des “victimes de luxe occidentales”, celui des UnterMenschen d’autres continents, massacrés à la pelle sans appel à signalement de contrôle check par Facebook.
20 000 plantons en treillis et en armes dans les rues et les gares (qui doivent prendre leur mal en patience, d’ailleurs, travail ingrat que leur leur). Interdiction des consignes dans les gares depuis 2001. En France. Tout ça pour se faire dézinguer à Paris-Est en terrasse, ou en section fumeur, ou au Petit Cambodge, ou en face, à l’heure du Carillon sonné par le tocsin des barbus crétins.
C.Riedel : les personnes photographiées n’ont rien à voir.
Je n’ai pas encore l’âge radotant de m’en prendre aux PP de service, les Pouvoirs Publics un peu comme le Beauf à gros derche et moustaches de feu Cabu.
Ps encore l’âge de Dd Radoter après le pouvoir de service dont on sait bien qu’il ne s’agit que de faire vivre une élite sur notre dos, quelle que soit l’alternance du moment.
Peu importe au fond qu’il s’agisse d’un Sarko tout à l’égo, rongé par son ambition (et cela se voit come dan sun publicité pour crème ) l’oubli de chez Loréal) . Ou d’un néo François Mitterrand rondouillard, rompu à tous les compromis de parti et de systémes, sorte de néo-Chirac de Corrèze.
Radoter contre le pouvoir comme les franchouillards rondouillards de café, comme nombre d’aigris alimentant le fond de sauce rance du National populisme breton crétin « blond bleu borgne »

Que la farce (du pouvoir) cesse d’être avec nous !

En option : livrez le-nous svp avec son lot d’amalgames

Vous nous mettrez aussi une bonne dose d’autoflagellation sociétale pour toutes les erreurs que nos sociétés pourries de capitalisme sauvage et de libéralisme décomplexé 92 ont commises.
Pour toutes les manipulations immondes de tous les pouvoirs, de tous leurs réseaux et mondes d’influence. Un scénar anar. Mais sans les enfoirés à Dieu donnés, svp. On a jamais assez d’antivomitif sur soi.
source : Olivia Clavel, artiste
Mettez aussi des existences deux poids deux mesures échelonnées tout au long de 20, de 40 ans de ressentiments accumulés . Ceux des enfants des harkis d’antan, ceux des laissés pour compte du système, ceux des perdants (car bien d’autres ont pris l’ascenseur social, absence de dieu, merci) de la troisième génération beur recluse dans ses cités dortoirs.
Certains devenant des déviants paumés dans leur tête. On croise parfois leurs regards hagards de haine contre le petit blanc. Dans certaines banlieues, ils disent en croisant des blancs comme vous, m’a t’on rapporté: “
Eh, t’es pas à Paris, ici, t’es en minorité !”
Il ne s’agit pas pour autant de s’apitoyer sur leur sort acculturé à yeux globuleux et connerie grasse, ni d’un plaidoyer déguisé de leur reconversion démente. Celui qui écrivait ici ne haissait rien tant que les acculturés de tous bords (devenant, devenus légions, voire mainstream, non ? Dites-moi que je me trompe, dites-moi que c’était pas mieux avant). Mais la haine est simpliste, toujours simpliste dans ses rouages, et de toutes parts…
Intensifier des bombardements, prétendre mener une guerre, sang, queue ni tête. 12 ans d’interventions militaires occidentales au Proche-Orient, Hollande à peine arrivé qui se précipite pour bombarder la Syrie, mais juste à doses homéopathiques, apparemment.Pour aboutir à une région à feu et à sang, à un incendie qui se propage à Paris. On a du du mal aussi à se figurer le bien fondé de tout cela. On ne comprend rien à la complexité florentine des jeux d’alliances et de renversements en tout sens de la valse obscène des des services de renseignements, de la farce diplomatique, à l’échelon mondial. De quoi devenir complotiste. Pour les grincheux simplistes…
Moi aussi, je suis indigné à nez
On s’en agace, de la comédie des pouvoirs. On est encore joué et déjoué par le réel surgissant et tant de forces dominant le grand public de marionnettes. On en a assez d’être joué par la pantomime de la grande production au jours le jour. Par la loi des puissants qui envoient juste des plantons lourdement armés, histoire d’alimenter le théâtre opérationnel de  » la sécurité subjective ». Et par la téléréalité terroriste des enfoirés qui veulent la peau de L’occident jouisseur. Chute facile : Qu’ils crèvent, faute d’avoir su rêver, qu’ils se fassent sauter le caisson d’explosifs hâtifs. Mais sans nous.

“Je te dis pas que c’est pas injuste. Je te dis que c’est comme ça !”

La réplique, qui définit l’existence, est de l’Allemand flegmatique dans le film Les Tontons flingueurs. Tontons, flingués, anonymes amis innocents : reposez en paix dans la farce des mondes. En démocratie, pour ce qui nous concerne.

Que la farce (des pouvoirs, vides de leurs trop pleins) cesse d’être avec nous !

PS : « Je te dis pas que c’est pas injuste. Je te dis que ca soulage ! « 
 Ainsi parlait Fritz
dans Les Tontons Flingueurs
Le réel les a traité, nous traitera comme les marionnettes, comme les otages d’enjeux qui nous outrepassent,
nous trépassent
dont ils furent
malgré eux
la somme.
Le réel nous traite comme les marionnettes dont nous sommes la somme.
Voire la farce
tragique
du sang
tomate
L’information nous farcit comme des poivrons.
On nous qualifie de consommateurs d’information.
Celles ci furent rouge sang.
============================================

Bonus prémonitoire de l’air du temps, trouvé par hasard, via une consoeur italienne en poste à Rio :

Six attentats djihadistes simultanés, dans Paris, un vendredi 13: c’est ce qu’avait imaginé Julien Suaudeau dans “Dawa”, en 2014. La réalité a imité sa fiction ce 13…
Prémunitions :
Un imaginaire romancier
A beau lire le hasard…
(Comme le Houellebecq
après l’attentat de Bali).
Un coup de dé
destin
 Livre partagé par Isabel V, elle aussi amoureuse des mots, ceux de la traduction littéraire (plutôt que littérale) qui est l’un de ses métiers aussi, avec le commentaire suivant :
« Je ne connais ni le roman ni le romancier; mais merci à Christophe Riedel de nous les signaler; merci à la littérature de défricher, déchiffrer, toujours dans un désordre anagrammatique. On aimerait parfois que cela reste symbolique… »
Hélas, non, le plus souvent (se méfier des généralisations)
le réel fait irruption.
C’est dans sa nature.
Etats d’urgences.
Yves Klein La Marseillaise 1960.jpg

Notre hommage bleu aux victimes
Oeuvre du peintre Yves Klein,
La Marseillaise, 1960
Paris : j’écris ton nom

Ps : « Liberté, j’écris ton nom… »
est un fameux poème de
Paul Eluard

Un coup de dés jamais n’abolira le hasard en est un autre de Stéphane Mallarmé, s’y joue en lien avec notre présent en mode aléatoire d’un vendredi 13 (randomly)

au mauvais endroit/moment

une belle analyse

que vous lirez bien sûr…

Un coup de dés jamais n’abolira le hasard

coup_des

Valéry (Écrits divers sur Stéphane Mallarmé, NRF, 1950, pp. 14-15) écrit :

Je crois bien que je suis le premier homme qui ait vu cet ouvrage extraordinaire. A peine l’eut-il achevé, Mallarmé me pria de venir chez lui; il m’introduisit dan sa chambre de la rue de Rome où derrière une antique tapisserie reposèrent jusqu’à sa mort, signal par lui donné de leur destruction, les paquets de ses notes, le secret matériel, de son grand oeuvre inaccompli. Sur sa table de bois très sombre, carrée, aux jambes torses, il disposa le manuscrit de son poème; et il se mit à lire d’une voix basse, égale, sans le moindre `effet’, presque à soi-même. … Mallarmé, m’ayant lu le plus uniment du monde son `Coup de dés’, comme simple préparation à une plus grande surprise, me fit enfin considérer le dispositif. …

UN COUP DE DÉS

JAMAIS
QUAND BIEN MÊME LANCÉ DANS DES CIRCONSTANCES
ÉTERNELLES
DU FOND D’UN NAUFRAGE

SOIT
que
l’Abîme
blanchi
étale
furieux
sous une inclinaison
plane désespérément
d’aile
la sienne
par
avance retombée d’un mal à dresser le vol
et couvrant les jaillissements
coupant au ras les bonds
très à l’intérieur résume
l’ombre enfouie dans la profondeur par cette voile alternative
jusqu’adapter
à l’envergure
sa béante profondeur en tant que la coque
d’un bâtiment
penché de l’un ou l’autre bord

LE MAÎTRE
hors d’anciens calculs
où la manoeuvre avec l’âge oubliée
surgi
inférant
jadis il empoignait la barre
de cette conflagration
à ses pieds
de l’horizon unanime
que se
prépare
s’agite et mêle
au poing qui l’étreindrait
comme on menace
un destin et les vents
l’unique Nombre qui ne peut pas
être un autre
Esprit
pour le jeter
dans la tempête
en reployer la division et passer fier
hésite
cadavre par le bras
écarté du secret qu’il détient
plutôt
que de jouer
en maniaque chenu
la partie
au nom des flots
un
envahit le chef
coule en barbe soumise
naufrage cela
direct de l’homme
sans nef
n’importe
où vaine

ancestralement à n’ouvrir pas la main
crispée
par delà l’inutile tête
legs en la disparition
à quelqu’un
ambigu
l’ultérieur démon immémorial
ayant
de contrées nulles
induit
le vieillard vers cette conjonction suprême avec la probabilité
celui
son ombre puérile
caressée et polie et rendue et lavée
assouplie par la vague et soustraite
aux durs os perdus entre les ais

d’un ébat
la mer par l’aieul tentant ou l’aieul contre la mer
une chance oiseuse
Fiançailles
dont
le voile d’illusion rejailli leur hantise
ainsi que le fantôme d’un geste
chancellera
s’affalera
folie
N’ABOLIRA

COMME SI
Une insinuation
simple
au silence
enroulée avec ironie
ou
le mystère
précipité
hurlé
dans quelque proche
tourbillon d’hilarité et d’horreur
voltige
autour du gouffre
sans de joncher
ni fuir
et en berce le vierge indice
COMME SI

plume solitaire éperdue
sauf
que la rencontre ou l’effleure une toque de minuit
et immobilise
au velours chiffonné par un esclaffement sombre
cette blancheur rigide
dérisoire
en opposition au ciel
trop
pour ne pas marquer
exigûment
quiconque
prince amer de l’écueil
s’en coiffe comme de l’héroique
irrésistible mais contenu
par sa petite raison virile
en foudre

soucieux
expiatoire et pubère
muet
rire
que
SI
La lucide et seigneuriale aigrette
de vertige
au front invisible
scintille
puis ombrage
une stature mignonne ténébreuse
debout
en sa torsion de sirène
le temps
de souffleter
par d’impatientes squames ultimes
bifurquées
un roc
faux manoir
tout de suite
évaporé en brumes
qui imposa
une borne à l’infini

C’ÉTAIT
LE NOMBRE
issu stellaire
EXISTÂT-IL
autrement qu’hallucination éparse d’agonie
COMMENÇÂT-IT ET CESSÂT-IL
sourdant que nié et clos quand apparu
enfin
par quelque profusion répandue en rareté
SE CHIFFRÂT-IL
évidence de la somme pour peu qu’une
ILLUMINÂT-IL
CE SERAIT
pire
non
davantage ni moins
indifféremment mais autant
LE HASARD
Choit
la plume
rythmique suspens du sinistre
s’ensevelir
aux écumes originelles
naguères d’où sursauta son délire jusqu’à une cime
flétrie
par la neutralité identique du gouffre

RIEN
de la mémorable crise
ou se fût
l’événement
accompli en vue de tout résultat nul
humain
N’AURA EU LIEU
une élévation ordinaire verse l’absence
QUE LE LIEU
inférieur clapotis quelconque comme pour disperser l’acte vide
abruptement qui sinon
par son mensonge
eût fondé
la perdition
dans ces parages
du vague
en quoi toute réalité se dissout

EXCEPTÉ
à l’altitude
PEUT-ÊTRE
aussi loin qu’un endroit
fusionne avec au delà
hors l’intérêt
quant à lui signalé
en général
selon telle obliquité par telle déclivité
de feux
vers
ce doit être
le Septentrion aussi Nord
UNE CONSTELLATION
froide d’oublie et de désuétude
pas tant
qu’elle n’énumère
sur quelque surface vacante et supérieure
le heurt successif
sidéralement
d’un compte total en formation
veillant
doutant
roulant
brillant et méditant
avant de s’arrêter
à quelque point dernier qui le sacre
Toute Pensée émet un Coup de Dés

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